Puisant dans une esthétique sonore minimaliste, James Schidlowsky propose une installation qui fait appel aux procédés de récupération et d’accumulation d’objets usuels. Il réunit sur des panneaux verticaux une collection bigarrée de haut-parleurs recueillis sur les trottoirs. Le timbre propre à chacun d’eux est le point de départ de cette installation. En acheminant les mêmes sons à travers le méandre d’enceintes, Schidlowsky s’amuse à déjouer la perception de l’origine du signal. Commandé par des circuits électroniques bidouillés par l’artiste, chaque haut-parleur émet un son de manière intermittente et aléatoire. La spatialisation orchestrée et, surtout, l’imperfection des circuits de contrôle génèrent une mise en espace auditive déconcertante. L’œil cherchera naturellement à détecter le lieu d’origine du son, qui est constamment redirigé, apportant un sentiment d’étrangeté et une impression de mouvement à un ensemble pourtant immobile.
Tous les jours à 16 h, une autre forme d’écoute est proposée à ceux et celles qui ont le temps de vivre une expérience en profondeur. Il s’agit de la version de l’œuvre préférée de l’artiste, qui repose sur un mode de production séquentiel des tonalités, et non un mode aléatoire. En 48 minutes, on passe graduellement de la plus basse fréquence pouvant être émise à la plus haute. Au fil du temps, de plus en plus de haut-parleurs sont en mesure de reproduire les tonalités, permettant à l’auditoire d’assister à un « réveil sonore ».