Dissolutions est un projet de résidence de recherche et d’exposition amorcé par l’artiste berlinois Martin Howse, commissarié par Peter Flemming en collaboration avec OBORO et PERTE DE SIGNAL, avec l’appui du Goethe-Institut Montréal. Prenant la forme d’une série de situations expérimentales et ludiques (laboratoires ouverts, ateliers, présentations, excursions) Dissolutions explore la matérialité de nos cultures contemporaines. Il est question ici de la transition du monde des technologies industrielles à grande échelle au domaine vraisemblablement invisible du numérique. Ces recherches aboutiront à la première mondiale d’une captivante installation inédite de Howse.
Système tentaculaire constitué de cellules et de tubes en verre, cette installation met en œuvre le lent processus d’extraction biologique et chimique des acides présents dans l’air et dans le sol. Cette extraction implique des procédés électrochimiques révolus que l’artiste met en parallèle avec la dissolution des objets technologiques manufacturés (déchets électroniques) et des matières premières avec lesquelles ces objets sont fabriqués (métaux et minerais). Dissolutions présente de façon littérale un cycle technologique et terrestre d’extraction minérale et de transformation de la matière, reflétant le caractère cyclique de la consommation technologique : on extrait le cuivre, l’or et l’argent du sous-sol afin de les utiliser dans la fabrication des appareils technologiques; ces appareils deviennent par la suite des déchets qui se dissolvent et retournent à leur lieu d’origine, dans le sous-sol.
Aujourd’hui, les sites industriels disparaissent du paysage urbain occidental pour renaitre dans des villes hors Occident. De la même façon, les technologies numériques ont tendance à gommer à la fois leur origine matérielle et leur destination ultime sous terre, comme déchets électroniques. Ce gommage fait partie intégrante de notre culture : il alimente notre mode de vie et a un impact considérable sur l’écosystème planétaire. Pourtant, dans la conscience collective, il est refoulé. Dissolutions reconnait ces traces, met en lumière les processus de dissolution et de transformation qui leur sont propres, et présente la possibilité d’un examen lucide de ceux-ci.